Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Gaignières, 21 août 1703]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
259
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Gaignières, 21 août 1703]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Fontevrauld, 21 aoust 1703

Je n'ai que trop uzé, Monsieur, de la liberté que vous me donnés de n'estre pas régulière à respondre. Il y a longtemps que j'ai envie de vous remercier de l'interest avec lequel vous estes dans l'explication que j'avois pris la confidence de vous faire touchant les sorties de mes religieuses mais je me suis trouvée si chargée à toutes les postes qu'il m'a fallu tousjours remetre ce remerciment qui me tenoit pourtant fort au coeur. Quand j'ai fait réflexion à la manière dont vous estes pour vos amis, j'ai eu peur de vous avoir causé du chagrin et de l'inquiétude, et je me suis presque reproché le soulagement que je me suis donné en vous montrant si librement le petit chagrin qu'on m'avoit donné. J'ai receu depuis peu de ce costé-là une responce très honneste au compliment que j'avois fait, et à l'avis que je donnois selon ma coutume de l'ordonnance qui avoit esté faite à deux pauvres malades, l'une d'un cancer et l'autre d'une fluxion, qui menace de la perte d'un oeil, mais cette response, toute honneste et obligente qu'elle est, revient encore à la charge sur une proposition dont j'ai montré plusieurs fois l'impossibilité, c'est que ces malades demeurent aux Filles-Dieu et qu'elles s'y fassent traitter. Je n'ai pas l'autorité de contraindre cette communauté à recevoir ces malades, et dans la vérité, comme vous pouvés le sçavoir, Monsieur, ayant entré dans cette maison, la chose seroit absolument impossible, quand mesme les religieuses consentiroient, il n'y a dans ce couvent qu'une seule chambre pour toute infirmerie et touts les autres logements, qui sont étroits et en petit nombre, se trouvent entièrement occupés. Quand on est forcé de m'y recevoir, on déloge les novices et les pensionnaires et on les place dans une espèce de cave où il n'y auroit pas moyen de les établir pour tousjours. La mère de la Busnelais, qui n'a esté receue que par un excès de complaisance pour moi et qui n'a demeuré guère plus de trois mois, a occupé la chambre de la mère supérieure qui ne peut pas estre cédée à touts les passants. C'est un fait dont on peut s'éclaircir: on ne peut pas bastir une maison et comme je vous l'ai desjà dit, mon pouvoir sur mes couvents ne s'étend pas jusqu'à les forcer à faire de leur maison une espèce d'hospital. Entre des religieuses du mesme ordre, chaque maison ne laisse pas d'avoir son esprit particulier, et cet assemblage est capable d'altérer la paix et la régularité d'une maison. Voilà ce qui rend les Filles-Dieu si difficile à recevoir les religieuses des autres couvents. Je ne puis pas d'ailleurs empescher qu'il ne survienne de certaines malades que les seuls chirurgiens de Paris se trouvent capables de traitter. J'ai expliqué tout cela plusieurs fois et fort au long, cependant on me répète toujours que toutes les religieuses de mon ordres nécessitées à demeurer à Paris doivent estre renfermées aux Filles-Dieu et que je dois l'ordonner, ce qui me persuade que je n'ai pas esté entendue. Je vous suplie, Monsieur, de ne rien dire là-dessus. C'est très véritablement que je vous fais cette prière et que je ne me suis laissée aller à vous faire le récit que par le plaisir qu'on trouve à parler franchement à ses amis. Le curé de Saint-Aignan s'appelle de La Malatie. Il déguisera peut-estre son nom qui est fort décrié. J'apprens dans ce moment qu'il y a un nouvel evesque à Montauban, que cet homme artificieux surprendra. Peut-estre ce seroit un malheur pour cette pauvre maison de Saint-Aignan et pour moi. Ce curé a desjà la protestation des evesques de la province, mais à cela près qu'il est fort décrié parmi toutes les personnes qui le connoissent. M. de Larroque est dans une grande faveur auprès de ma soeur. Elle l'a encore mené à Oiron et l'y retiendra je crois tant qu'elle y demeurera. Je suis faschée d'estre privée par là d'une aussi bonne compagnie que la sienne. Mais je suis bien aise d'ailleurs que le mérite qui est en lui soit si bien connu. Je crois, Monsieur, que vous estes dans les mesmes sentiments.

M.M. Gabrielle de Rochechouart, abbesse de Fontevrauld

[Monsieur de Gaignières, près les Incurables, fauxbourg Saint-Germain, à Paris]

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