Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Jean-Baptiste Pradillon à Gaignières, 5 juin 1690]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
90
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Jean-Baptiste Pradillon à Gaignières, 5 juin 1690]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1690
   
Destinataire du document (courrier)
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Région traitée
Limousin
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Feuillens, le 5 juin 1690

La dernière lettre que vous m’avés fait l’honeur de m’escrire, Monsieur ; fait bien connestre que vous n’oubliés jamais les personnes qui ont l’avantage d’estre de vos amis. Vous me faisiés la grâce de me promettre vostre secours et celuy de monsieur de Clerambaut dans mon esloignement, vous voilà quittes d’y travailler puisque sa majesté a desjà eu la bonté de le faire finir et que je suis en liberté d’aller où je voudray. Je suppose donc, Monsieur, que vous avés appris le succés de nostre assemblée. Les méchans ont esté descouverts et chastiés en partie, la jonction du révérend père de La Chaize à nostre commissaire a sauvé la [barque]. Quelque jour, je vous diray cela à loisir. Il suffit de vous asseurer que je n’ay jamais eu tant d’amis qu’à cette assemblée. J’ay affecté de n’y point escrire, crainte d’accidentz, et tous les honestes gens m’ont fait l’honeur de me mander qu’ils se sont estudiés à chercher mes inclinations et que ne pouvans (sic) me mettre en aucun employ par un ancien règlement qu’on a fait revivre, ils y ont mis ceux qui ont paru le plus de mes amis parce que c’est une marque asseurée de mérite. Je me garderoy bien de dire tout cela à autre qu’un ami comme vous. Nostre général nouveau, qui estoit secretaire les précédentes années, en saluant le Roy, prit le temps de demander le rappel des exilés et l’obtint, j’ay depuis receu son ordre en blanc pour aller où je voudray. Venons maintenant aux nouvelles particulières. Faisant mon voyage, la goute me pris à Poitiers et m’y retint quatre semaines, j’ay profité là d’une liste de tous les maires de Poitiers, année par année, depuis l’an 1213 jusques à présant. Cela est curieux à cause de la noblesse qui en procède. En Limosin, j’ay vu plusieurs cedes de notaire de 200 ans. J'en ay tiré surtout que la maison de Saint-Chamant prenoit encore en ce temps le nom d’Orgnac, aussy bien que les seigneurs de Montlanhac et d'Estansanes celuy de Chassaignes. J'ay disposé les choses pour pouvoir visiter à mon aise le thrésor de Turenne, pourvu que le gouverneur qui est mon ami se trouve au pays. Arrivant icy, la goute me prit cruellement aux genoux. Je suis encore au lict où j’escris et voicy la huitiesme nuict que je passe sans sommeil. Cependant comme les douleurs ont relasché, j’espère en estre bientost quitte. J’ay résolu d’employer une bonne partie de ce [trienne] à me promener dans le Limosin et faire des récoltes durant la liberté où je suis, au défaut des emplois, et si je ne profite de cette occasion, peut-estre ne la recouverai-je jamais. Cela pourra grossir nos collections et le service de nos amis. J’ay une occasion favorable d’une conjoncture singulière pour le service de la maison de monsieur de Chevreuse. Vous sçavés que le pape Albert est issu de Mons près Pompadour. Il y a dans le thrésor l’acte par lequel le seigneur de Pompadour vent aux neveux du pape le fief de leur bien de Mons, ce lieu est réuni et possédé maintenant par le seigneur de Pompadour, par là il ne sera pas impossible de retrouver des actes des Alberts. De plus, la baronie de Bré, acquise par les neveux du pape Albert appartient encore à Pompadour, voilà une nouvelle ouverture. Enfin Pompadour est au milieu des endroits qui peuvent conserver la mémoire des Alberts et il faut estre là précisément pour travailler: voiés l’occasion que j’ay d’y rester tant que je voudray. Madame d’Hautefort doit y aller passer l’esté et jusques au retour de monsieur son espoux de la campasgne, je la crois desjà partie de Paris. Madame de Pompadour sa tante, abbesse de Tulle, ma bonne amie, doit s’y rendre aussy par ordre des médecins pour y passer quatre ou cinq mois. Elle prent en sa compaignie une de mes sœurs qui est sa religieuse. On m’y souhaite beaucoup et c’est le moyen de voir des papiers à loisir et de remuer tout le pays sous l’autorité de la dame. Je suis assés résolu d’y aller puisque j’en ay le pouvoir et l’inclination. Cepandant, Monsieur, voicy mes difficultés. Un homme comme moy qui suis débiteur aux fols et aux sages et plus aux uns qu'aux autres, j'auray de la peine à me résoudre à de si longues absences sans quelque prétexte, car, Monsieur, songés que l’enuie ne meurt jamais. Cherchés moy donc quelque prétexte, si j’avois celuy prié par monsieur de Chevreuse de travailler à son service, celuy là me paroitroit suffisant car de répondre d’avoir des ordres majeurs pour travailler à rechercher les antiquités de cette province, cela seroit peut estre trop fat, quoique dans le fonds cela se pût obtenir sans difficulté. e vous laisse, Monsieur, à y penser et me donner icy de vos nouvelles. En les attandant, je vais tascher de me guérir et me disposer au voyage de Limosin. Vous sçavés que pour m’escrire il ne faut que l’addresse ordinaire de mon nom et à Toulouse. En passant à Limoges, je trouvay que le sieur de Beaupré estoit mort depuis quelques jours. Son fils a les mesmes inclinations de curiosité. Je suis, Monsieur, aussi parfaitement qu'on peut l'estre, vostre très humble et très obéissant serviteur,

F. Jean-Baptiste Pradilhon, relig. f.

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