Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Gaignières, 7 juillet 1703]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
255
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Gaignières, 7 juillet 1703]
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Fontevrauld, 7 juillet 1703

Je suis honteuse, Monsieur, d'avoir receu deux de vos lettres sans avoir encore pu trouver le temps d'y respondre. La vie que je mène seroit une bonne excuse si vous pouviés la voir d'où vous estes, et les sentiments que j'ai pour vous doivent encore plus vous respondre que je suis incapable de négligence à vostre égard. Je receus une lettre de M. le mareschal de Noailles deux jours après que M. de Larroque vous eut mandé que j'en attendois. Quand son silence auroit duré plus longtemps, je n'aurois pas douté de son coeur que je connois à fond et dont je suis contente au dernier point. Je lui avois parlé de M. de Larroque suivant vostre conseil, Monsieur, il ne m'a point respondu à cet article, mais je ne doute pas pour cela de son attention ni de sa bonté pour nostre ami. Le pauvre M. de Larroque est malade depuis trois jours d'un rhume accompagné de fièvre. Ce ne sera rien s'il plaist à Dieu, et on m'assure aujourd'hui qu'il est beaucoup mieux. La lettre que vous avés pris la peine de m'envoyer de M. le cardinal est à l'ordinaire très honneste, et je lui en suis très obligée. Je vous avourai cependant entre nous, Monsieur, que j'y ai trouvé un petit trait d'aspreté qui me paroist sortir un peu de l'équité et de la douceur que j'ai tousjours vénérée dans ce prélat.Je l'avois informé que la mère de la Busnelais, que vous avés vue ici dépositaire avoit esté forcée d'aller à Paris pour se faire traitter d'un cancer. J'ajoustois, comme il est vrai que cette bonne fille estoit tellement attachée à la closture que par son goust elle auroit plustost choisi de mourir que de la violet et que ce n'avoit esté que par pure obéissance qu'elle avoit fait le voyage. On diroit à la responce de M. le cardinal que j'aurois dû laisser mourir cette pauvre fille, et ne point combattre son zèle qui estoit pourtant indiscret en cette occasion puisque nostre règle qu'elle a professée, bien loin d'autoriser une telle rigueur comme la règle des carmélites, des capucins et de quelques autres, nostre règle dis-je déclare expressément, comme tout le monde le peut voir, que nos religieuses peuvent sortir en cas d'infirmité, entre lesquelles il n'y en a aucune qui autorise plus légitimement une sortie qu'un cancer formé comme l'estoit celui de cette pauvre fille, qu'elle s'est laissé arracher avec un courage et une résignation qui a esté admirée de toutes les personnes qui en ont eu connoissance. C'est aux Filles-Dieu que cette opération s'est faite et où cette bonne fille est retirée. Cette communauté très difficile est charmée de sa vertu et de sa régularité et ne se lasse point de publier ses louanges. Elle ne sort point, tant à cause de son infirmité qui la retient nécessairement que par son éloignement pour le monde. Il est vrai qu'à son arrivée, ma soeur et mes nièces la menèrent chés quelques médecins et quelques chirurgiens pour épargner quelque chose sur les grans frais que font ces messieurs quand ils viennent chercher les malades. J'eus la bonne foi d'avertir M. le cardinal de ces visites nécessaires. Il paroist les condamner et me recommande qu'elles ne se fassent plus. Il est bien aisé d'ordonner en général ce qui paroist plus parfait, mais en descendant dans les détails, on trouve quelque fois des difficultés insurmontables dans la pratique. Il y a de certaines précautions que la dépense qui les accompagne rend impossible et enfin s'il est juste et légitime de ne pas risquer la vie de la moindre des religieuses faute d'une sortie permise par la règle, à plus forte raison ne doit-on pas s'exposer à perdre une religieuse qui édifie et qui sert utilement sa communauté comme a tousjours fait la mère de la Busnelais. Pardonnés-moi, Monsieur, le petit soulagement que je me donne avec vous sur ce sujet, je sçais que vous en userés avec discrétion et je vous connois un si bon coeur et tant de droitture d'esprit que je suis assurée que vous entrerés dans mes raisons si elles sont aussi bonnes qu'elles me le paroissent.

M.M. Gabrielle de Rochechouart, abbesse de Fontevrauld

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