Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de l'abbé Jean Phélipeaux à Gaignières, 12 mai 1704]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
46
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de l'abbé Jean Phélipeaux à Gaignières, 12 mai 1704]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Diocèse traité
Meaux
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Meaux ce 12 may 1704,

Monsieur,

Je n'ay reçu que votre dernière lettre dattée du dixième de ce mois. Je suis très sensible à l'honneur de votre souvenir, et c'est pour moy une grande consolation dans la conjoncture présente. J'ay esté plus touché que je ne l'aurois cru, prévoiant depuis longtems ce malheur. La perte qu'a fait l'Eglise d'un grand défenseur de la foy est l'endroit qui m'a le plus affligé. Je suis bien aise qu'un homme aussy sage et aussy expérimenté que vous approuve le party que j'ay pris de n'accepter aucun employ, quoique le chapitre m'ait marqué en cette occasion toute la bonté et toute l'estime possible, car m'ayant d'abord nommé official du grand vicaire, il ne se contente pas de la déclaration publique que je fis de ne vouloir accepter aucun employ pour des raisons particulières, il députa des chanoines pour me prier d'accepter ces deux emplois et, sur mon refus, ils voulurent absolument que mon nom fust inséré dans les provisions de grand vicaire qu'il donna, alléguant que j'en fairois les fonctions autant qu'il me plairoit. J'ay cru qu'après plus de dix huit ans de travail et d'assujettissement je devois me procurer le repos et la liberté et attendre la nomination du nouvel evesque pour voir s'il me conviendroit. J'ay l'avantage que pendant ce temps là feu monsieur de Meaux n'a eu aucune plainte de ma conduitte privée et publique. Jamais on n'a esté obligé de réformer ce que j'ay fait. Je ne luy ay jamais demandé aucune grâce ny pour moy ny pour les miens. J'ay fait toutes les affaires du diocèse aux dépens du revenu de mes bénéfices, sans avoir reçu, ny pendant la vie, ny à la mort, la moindre gratification. Je suis néamoins (sic) content de mon sort quoi qu'il arrive et je ne manqueray jamais de zèle pour servir l'Eglise. Je ne connois point particulièrement M. de Bissy que le roy a nommé. Je ne le préviendray point, je laisseray agir la providence; je ne suis plus d'humeur à aimer les gens à crédit; il y a longt temps que j'aurois dû m'estre défait de l'amour cambrésien. J'avoue que ma conduitte n'a pas esté sur cela conforme à mes principes. J'auray encore de la peine à m'en corriger. Le désintéressement a toujours esté l'esprit de ma famille. Oserois-je vous demander la continuation de votre amitié qui m'est très prétieuse et vous assurer que je seray toute ma vie avec un profond respect, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur,

Phélipeaux
Me voilà libre comme l'abbé Bertot.

[Monsieur de Gaignières, vis à vis les Incurables à Paris]
Remarques
Il semblerait qu'il y ait deux auteurs, et non un seul, portant le nom de "Phélipeaux" ou "Phélypeaux" dans la correspondance de Gaignières. Il s'agirait ici du second, l'abbé Jean Phélipeaux, official du diocèse de Meaux. Il écrit à Gaignières un mois après le décès de Bossuet, évêque de Meaux. "L'amour cambrésien" mentionné par l'abbé Phélipeaux fait possiblement référence à la controverse sur le quiétisme ou "doctrine du pur amour" qui opposa Bossuet à Fénelon, archevêque de Cambrai, entre 1695 et 1699. Fénelon, partisan de cette doctrine, fut désavoué par le pape Innocent XII en 1699. Jean Phélipeaux est l'auteur d'une Relation de l'origine, du progrès et de la condamnation du quiétisme répandu en France, avec plusieurs anecdotes curieuses, publiée bien après sa mort, en 1732.

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