Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de M. Schmid à Gaignières, 19 juin 1694]

  • [Lettre de M. Schmid à Gaignières, 19 juin 1694]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
370
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de M. Schmid à Gaignières, 19 juin 1694]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Localisation(s) traitée(s)
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Monsieur,
C’est avec bien du chagrin que j’ay appris par la lettre que vous avez écrite à monsieur Obrecht de ce mois que vous avez été mal servi par les libraires au sujet des livres que monsieur de Chamilly a eu la bonté de vous envoyer. J’ay parlé à celui qui vous a vendu le Hortlederus et l’Historia monasterii Cremifanensis pour avoir raison au sujet de vos plaintes. Il a témoigné être bien fâché de ce que vous avez trouvé le second volume de Hortlederus gâté ou mangé des vers, mais il assure d’en ignorer tout à fait parce qu’ayant fait collationner les volumes ce qui se fait au bas des pages, il prétend s’être acquitté de son devoir de vous avoir envoyé le livre complet et n’être pas tenu de regarder au dedans pour voir si les feuilles sont bien ou mal conditionnées, ce qu’il prétend n’être jamais ny présumé ny pratiqué. Cependant sur le rapport que vous venez de faire de la malfaçon de l’oeuvre, il s’oblige de le reprendre pour prix qu’il vous l’a vendu ou bien de faire en sorte que vous puissiez avoir d’autres feuilles à la place de celles qui se sont trouvées gâtées, que vous auriez la bonté de renvoyer, auquel cas il est vray pourtant qu’il faudroit attendre plus de six mois avant que d’en avoir d’autres de Nurenberg où le livre est imprimé et où il faudroit renvoyer les premières, parce que l’évangéliaire que l’on vous a envoyé a été l’unique dans la boutique à cause de sa rareté, qui fait encore que l’on ne peut vous assurer de trouver le défaut même à Nurenberg. A l’égard des figures de Hortlederus vous ne devez non plus être surpris Monsieur, de les avoir trouvées si laides. C’est le sort ordinaire de presque toutes les figures renfermées dans les livres d’Allemagne dont le méchant papier et la gravure mal bâtie les rend peu estimables. Vous n’avez qu’à les voir contre celles qui sont dans le Hortlederus de monsieur Bulteau qui doivent être pareilles aux vôtres car le libraire soutient encore qu’elles ne sont autres qu’elles ne sont communément dans les exemplaires.

Dans l’histoire du Monasterium cremifanense le libraire soutient qu’il n’y a jamais eu des figures qui y dussent appartenir et que si vous les avez vuës dans quelque exemplaire, il faudroit que l’on [ ait} fait mettre tout exprès les estampes qui ont été faites de ce monastère. Voilà, Monsieur, tout l’avis que [je suis] capable de vous donner sur ce que vous avez souhaitté savoir. Je ne prétends pas me tromper quand je dis qu’il [ne vous] accommodera guères, sçachant l’intention et le bût que vous avez dans l’achat de ces livres, et il faut qu’il y ait bien eu du malheur dans cette rencontre. J’ay eu celui de n’avoir pas sçû pour qui monsieur de Chamilly les avoit fait porter, ny pour qui j’avois eu l’honneur de travailler puisque c’est moy même qui en avois recherché quelques uns des livres contenus dans votre mémoire. Monsieur Bulteau et monsieur Cl[…]ont eu le malheur de n’avoir pas reçu par la même occasion et sous votre bon plaisir les livres et les estampes qu’il y a long tems que je garde pour eux. Je ne sçay donc pas comment nous nous [..]olerons de toutes parts. Au reste, Monsieur, je vous suis infiniment obligé de l’honneur que vous m’avez faites (sic) de vous souvenir d’une personne qui vous pourroit être indifférente, n’ayant jamais eu l’honneur de vous connoître. Le peu de tems qui me restoit avant mon départ de Paris et l’accablement des affaires me dérobèrent l’honneur que je croyois avoir de vous voir par la bonté de messieurs mes amis principalement de monsieur Bulteau et de monsieur l’abbé de […].Touys bibliothécaire au collège de Bonecourt. Je tacheray de recompenser cette faute par les petits services que je pourray être capable de vous rendre [dans nos] quartiers pour les estampes dont vous pourriez avoir besoin. Je feray tout mon possible pour découvrir encore d’autres portraits de nos quartiers que ceux qui vous ont été [envoyés] mais qui puissent mériter votre curiosité. Cependant je vous suplie de me faire la grâce de croire que je suis avec une passion sincère et respectueuse, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Schmid

A Strasbourg ce 19e de juin 1694
La lettre cy jointe est la réponse de monsieur Obrecht
Remarques
Le "Hortlederus" évoqué dans la lettre renvoie probablement à un ouvrage de Friedrich Hortleder, historien et juriste allemand qui mourut en 1640. Il écrivit notamment un livre consacré à la guerre de Smalkalde. En 1645, l'ouvrage connut une seconde édition, riche en gravures (consultable en version numérique ici). L'"Historia monasterii Cremifanensis" correspond sans doute à l'ouvrage de Simon Rettenpacher (Historia Norica cum annalibus monasterii cremifanensis) dédié à l'histoire du monastère de Kremsmünster, paru à Salzbourg en 1677. Aucun des deux ouvrages n'est explicitement mentionné dans l'inventaire de 1711.

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