Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Jean Regnault de Segrais, 27 avril 1686]

  • [Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Jean Regnault de Segrais, 27 avril 1686]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
208
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, à Jean Regnault de Segrais, 27 avril 1686]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Fontevrauld, le 27e d'avril 1686,

J'attends toujours vostre voïage de Paris avec une grande impatience, et je trouve, Monsieur, que j'en suis bien payée par les lettres que je reçois exactement de vous en ce temps-là. Je veux du mal à madame vostre femme d'estre cause que ces voïages sont sy rares et de sy peu de durée, mais d'ailleurs j'ai une grande joie qu'il n'y ait que sur ce seul chapitre que vous ne soïés pas tout à fait d'accord. La plupart des maris achepteroient bien cher une pareille contradiction. Il me parest toujours par tout ce que vous me mendés que vostre vie est douce et tranquille. Quoique la fortune n'ait pas paru vous estre fort favorable, vous devés vous trouver heureux puisque vous este en repos. Il faut plutost en juger par là ce me semble que par l'opinion du monde qui attache le bonheur à des places où l'on ne peut trouver ny repos ny plaisir, sans quoi pourtant je ne vois pas que l'on puisse estre heureux. Je suis assez dans ce cas-là et il est vrai, comme on vous l'a dit, Monsieur, que je n'ai point voulu en sortir. Ce n'est pas, comme vous voiés, que je menque d'en connestre les inconvénients, mais c'est que j'en trouverois encore de plus grands à chenger de poste après avoir passé tant d'années dans celui-cy. J'en tire le meilleur party qu'il m'est possible. Je m'accommode mieux que beaucoup d'autres de la solitude. Je me divertis à lire, à bastir et à jardinner et mes affaires m'occupent trop pour me laisser remplir touts ces goûts jusqu'à la satiété, ce que je crois mesme qui ne m'arriveroit pas quand je m'en occuperois toujours dans ces affaires qui, à la vérité, sont fort importunes. On se soutient du mieux que l'on peut par des veues solides et parce qu'en effet il est honneste de n'estre pas tout à fait innutille dans le monde, le commerce de mes amis est ma consolation la plus sensible, et vous jugés bien, Monsieur, à quel rang je mets celui de Mme de La Fayette. On trouve en elle touts les esprits avec une attention, une [...] et une sûreté qui n'est assurément pas l'ordinaire. Vous connessés tout ce mérite-là, Monsieur, pour le moins autant que moi et vous n'en este pas moins touché. Vous avés de plus le plaisir de la voir touts les ans et c'est ce que je vous envie. Vous voilà instruit de ma situation presqu'autant que je le suis moi-mesme. Puisque nous ne nous voyons pas, nous nous devons de temps en temps ce compte là l'un à l'autre. Vous voyés par là que je fais toujours le mesme fond sur vostre amitié et que celle que je vous ay promise il y a longtemps ne diminue point par l'absence. Je suis persuadée qu'elle durera autant que ma vie et je vous conjure de n'en jamais douter. Madame de Belin et ma soeur de L'Hospital sont ravies que vous ne les oubliyés pas. Elles vous font mille compliments.

[Pour monsieur de Segrais à Paris]

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