Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Gaignières à un chanoine de Beauvais?, 1er janvier 1693]

Lieu de conservation
Texte identifié
[Lettre de Gaignières à un chanoine de Beauvais?, 1er janvier 1693]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1693
   
Matériau, Technique
Papier
Objet traité
Personne(s) traitée(s)
Localisation(s) traitée(s)
Période traitée
Type de topographie
Plan
Transcription
A Paris, ce 1er janvier 1693.

Je vous souhaite la bonne année, Monsieur, et vous demande la continuation de vos bonnes graces. J'ay receu votre lettre. J'attendois toujours celuy qui l'a aportée, qui avoit dit qu'il reviendroit. Je vous suis fort obligé de toutes vos honnestetez. Je suis bien fasché que l'on vous refuse quelque chose pour votre ouvrage. Les soins que vous prenez vous devroient aplanir toutes difficultez. Vous estes bien louable de ne vous pas rebuter ; c'est aussi comme il faut faire pour réussir. Je n'ay rien sceu de votre accident. Je vous en aurois tesmoigné mon desplaisir.

Je vous feray un petit mémoire pour votre voyage et vous l'enverray avant le caresme. Je ne sçay rien de ce que vous me demandez, mais je m'en informeray et vous y respondray avec soin. Pour ce qui est des Vaux de Cernay, je n'y ay point esté, et ne sçay pas mesme si j'iray, parce que je ne fais de ces voyages que lorsque l'envie de me pourmener à la campagne me prend et que je n'ay rien à faire à Paris, où j'ay plusieurs choses qui m'empeschent de m'occuper à la curiosité, à quoy je ne m'amuse que pour m'empescher de m'ennuyer. Je ne crois pas sortir si tost de Paris.

Pour le sieur Boudan dont vous me parlez, il ne manque pas de bonne volonté. Je crois que celuy qui l'avoit engagé de graver le plan de Beauvais doit avoir receu une lettre qu'il donna en ma presence à M. Vilain, chanoine de Beauvais. Vous sçaurez qu'après mes voyages où il avoit fatigué, il a esté malade et a eu depuis une fluxion sur les yeux, si grande que l'on croioit qu'il les perdrait. Il luy en est resté une telle foiblesse qu'il ne peut graver, la veue fatiguant beaucoup plus que pour dessiner. J'en suis bien fasché, car je luy avois procuré une planche qu'il n'a peu achever et qu'il a rendue avec la mesme sincérité qu'il est prest de rendre le plan qu'on luy a donné, et l'argent qu'il a receu, en luy rendant son billet. Cela est fascheux quand on souhaite quelque chose, mais on ne peut pas exiger davantage de lui que ce qu'il offre. Il y perd assez, le pauvre garson, car mesme ce que je luy fais dessiner n'est plus comme il estoit. J'estois bien aise qu'il gravast ce plan là, car nous en aurions peu avoir à bon prix, quoyque je sois moins curieux des plans que des cartes. Il n'y a point de finesse de sa part, le pauvre garson; mais à l'impossible on ne peut estre tenu. Il perd assez à cette afliction que Dieu luy envoyé. Encor est il bien heureux d'en estre quite à ce prix là, s'il ne luy arrive pis. Ainsy, Monsieur, comme j'ay conoissance de son procédé, je puis vous assurer qu'il est sincère. Cela me fasche, car j'ay mille choses qu'il m'a mesme commencé à dessiner, que je ne sçay quand il les achèvera.

Voilà vous parler lontemps du sieur Boudan ; il est temps que je vous parle de moy et que je vous asseure, Monsieur, que je suis avec beaucoup d'estime vostre très humble et très obéissant serviteur.

De Gaignières.

II faut mettre simplement, s'il vous plaist, sur mes lettres : A M. de Gaignières, à l'hôtel de Guise, à Paris. Rien que cela, s'il vous plaist.
Remarques
Cette lettre a été publiée sans références dans le tome 47 de la Bibliothèque de l'Ecole des chartes. Tout au plus sait-on qu'elle avait appartenu à la collection de M. Briquet aux Cousteaux puis à celle de M. Mathon vendue en 1885.